Exposition personnelle au Château d’Excideuil, en Dordogne. Dans les quatre salles du château, j’invite le visiteur à déambuler et s’immerger au travers des calligraphies. Ce texte que j’ai composé est inspiré d’une photo de Chloé Azzopardi et édité aux Éditions Adverba. J’ai pensé la scénographie comme une circulation dans laquelle on ondule. Ressentir la fluidité, être en mouvement. Se déplacer dans l’espace à travers les éléments graphiques. Ne pas avoir systématiquement un accrochage au mur, immobile, mais un accrochage suspendu. Après notre passage le papier s’agite, il bouge lui aussi. Se mélanger au texte. Parfois s’en approcher, parfois s’en éloigner, prendre du recul afin de permettre sa lecture. Et aussi, ces grands rouleaux de papier qui viennent s’écouler jusqu’à même le sol et qui par leur verticalité peuvent évoquer un écoulement. Après avoir réalisé de nombreuses calligraphies je suis allée expérimenter l’écriture et sa lecture dans l’eau, au lavoir habituel, là où je me trempe régulièrement. Laisser s’écouler le papier, et voir comment le texte et le graphisme peuvent se transformer dans le mouvement de l’eau. Est-ce-que la lecture s’annule ? Est-ce-que le graphisme devient signe ? Abstraction ? Comment les lettres peuvent-elles se transformer, se torde. Est-ce-qu’une nouvelle lecture est possible, visible ? Je voulais être un liquide parce que j’ai grandi dans une ferme Périgourdine entre Brantôme et Thiviers et il y avait une rivière qui passait au fond du pré des vaches, pas loin de la maison, j’y allais souvent, avec les chiens. Elle n’était pas profonde à cet endroit-là, la rivière, la Côle. Elle nous arrivait aux genoux là où nous étions, donc mes parents avaient assez confiance pour que mes soeurs et moi y allions. Nous avions notre carte de pêche, alors on lançait l’hameçon, et le bâton aux chiens. Je voulais être un liquide parce qu’il y a trois ans lorsque suis revenue habiter en Dordogne, je voulais une maison à proximité de l’eau, d’une rivière. J’habite la commune de Val de Louyre et Caudeau, il y la Louyre qui passe et le Caudeau, un peu plus loin. Je fais régulièrement des bains froids, plus l’hiver que l’été, étrangement. C’est encore plus saisissant et le contraste est moins important l’hiver, donc j’y rentre plus facilement. Pour moi, il était essentiel d’avoir de l’eau autour de la maison. Elle me saisit par le froid, m’anesthésie, me calme, le son surtout. Je voulais être un liquide parce que j’aimerais être incinérée puis ensemencée dans cette fameuse rivière, la Côle, en bas du pré, là où les vaches allaient boire et là où j’oubliai tout le reste. © Photos : Flore Layole